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Interview : Samuel Feron

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Ce mois-ci, découvrez le travail de Samuel Feron, photographe de nature et paysage au style affirmé et dont le travail ne se résume pas seulement à une photographie illustrative de l’instant…

Peux-tu te présenter ?

J’ai commencé la photographie relativement tard, il y a une vingtaine d’années. A cette époque, je voyais la démarche photographique comme s’inscrivant dans une approche exploratoire du monde. L’appareil photo était un peu comme un témoin : il saisissait les endroits magiques et exceptionnels de notre monde. De fait, je partais photographier des endroits plutôt reculés et difficiles d’accès, comme les déserts, les volcans, la péninsule du Kamtchatka en extrême Russie, ou encore certaines parties de l’Éthiopie. Le défi était double : parvenir et séjourner quelques temps dans ces endroits, donc forcément dans des conditions difficiles et rudimentaires mais aussi évidemment, d’obtenir une photo avec une forte dimension esthétique, pas simplement une photocopie du réel. Cela veut dire en pratique, faire face aux tempêtes de sable, aux retombées de cendres volcaniques ou aux projections de laves…

Et puis, petit à petit, j’ai vu le tourisme investir de plus en plus les lieux auparavant très peu fréquentés, avec des effets de mode très marqués, comme l’Islande, la Patagonie, la Namibie. Aujourd’hui, on construit des parkings et des hôtels quasiment partout. Les endroits déserts et reculés deviennent vraiment rares, l’exploration et la découverte deviennent compliquées.

Cela a été le point de départ d’un changement important dans ma façon de voir la photographie. J’ai progressivement abandonné l’idée de l’appareil photo comme témoin et ai axé mon travail sur une base plus introspective.

Sujet de prédilection

C’est un peu la conséquence logique de ce qui précède. Pour moi, la nature fabrique des diamants mais à l’état brut. Comme photographe, j’essaie de les façonner comme le ferait un joaillier pour obtenir un joyau. L’enjeu, c’est de quitter le champ de l’immédiateté pour celui de l’introspection. C’est quitter le temps de l’instantané photographique pour celui de la maturation, forcément lente. Je n’ai donc pas à proprement parler de sujet de prédilection, même si j’ai une attirance naturelle pour tout ce qui est désert, inaccessible ou perdu.

As-tu des conseils pour ce type de photographie ?

Aiguiser son regard, aller au-delà, chercher ce que j’appelle l’invisible, cette sorte de dimension qui est derrière les choses apparentes. Surprendre, non pas en montrant un lieu extraordinaire car il n’y en a plus, mais en détectant la singularité de l’ordinaire. Revenir à plus de simplicité, dé-sophistiquer la photo, parfois prétexte à une mise en scène inutile. Et surtout, étudier le travail des autres pour mieux l’oublier le temps de la photographie, pour créer et ne pas reproduire…

Qu'y a-t-il dans le sac photo de Samuel ?

J’essaie qu’il soit le plus simple et léger possible. Une couverture focale entre 24mm et 200 mm est amplement suffisante, sachant que la plupart du temps, je reste aux alentours de 50-100. Le trépied est évidemment indispensable, ainsi qu’un filtre pour les poses très longues (quelques minutes).

J’oubliais ! un boîtier aussi évidemment (Canon 5D MarkIII et 5DSR)

Ton meilleur souvenir photo

Un moment à Hawaï lorsque j’ai réussi à m’approcher au plus près d’une fontaine de lave juste au bord de l’océan. C’est un moment forcément unique, précaire et qui est l’aboutissement bien récompensé d’une marche assez anxiogène sur un sol instable et dans un environnement de gaz et de lave.

Un prochain projet ?

Aucune idée, ni du prochain lieu, ni du prochain sujet. Je travaille par thématique et celles-ci peuvent être quelconque : une couleur, un concept… du moment que ce sera nouveau…

Un mot pour la fin ?

J’aimerais faire passer ce message, bien impopulaire j’en ai conscience, à tous les photographes soucieux de préserver la magie des lieux, leur tranquillité et le recueillement de la démarche photographique, de reconsidérer dans la mesure du possible les activités de workshops qui trop souvent sont des circuits obligés de lieux iconiques, car cela amène un flot de touristes qu’il n’est pas vraiment possible de contrôler, en plus d’une production déraisonnable de photographies similaires. Plutôt chercher l’expression personnelle et créative que l’on peut, à mon sens, trouver quel que soit l’endroit que l’on photographie. Je constate avec soulagement que de plus en plus de photographes s’inscrivent dans cette démarche et ne peux que souhaiter qu’elle se généralise.

Certes, cela pose des contraintes, mais au fond, je suis convaincu que l’on est le plus imaginatif lorsque l’on travaille sous contrainte. Autrement, on est trop tenté par la facilité, ce qui aboutit tôt ou tard à un appauvrissement de son travail, lorsqu’on le considère dans le temps et avec un peu de recul.

Retrouvez tout le travail de Samuel et son actualité via Facebook , Instagram et sur son site internet.

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