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Interview : Maxime Oudoux

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Bien qu’il ait ses deux pieds sur terre, il a toujours la tête dans les étoiles ! De ses passions pour la photographie et le ciel étoilé, il en a fait sa spécialité : l’astrophotographie. Découvrez sans plus attendre le brillant photographe Maxime Oudoux.

Peux-tu te présenter ?

Maxime Oudoux, 32 ans, photographe professionnel actuellement basé à Niort. Je suis passionné de photo depuis plus de quinze ans (déjà !). C’est une passion qui reste au fil du temps et qui continue de m’animer quotidiennement. Mon activité principale aujourd’hui est la réalisation de reportage de mariage depuis plusieurs années. À côté de cette activité qui me fait vivre, j’ai une spécialité qui découle de ma grande passion depuis ma petite enfance : l’astrophotographie.

Sujet de prédilection ?

Mon grand sujet de prédilection en photographie est ce qui s’appelle le paysage nocturne. Cette discipline de l’astrophotographie (qui regroupe paysage nocturne et ciel profond, notamment) ne m’est pas venu par hasard. D’un côté, j’ai toujours été attiré par les étoiles depuis tout petit, cela fait partie de ces fameuses passions que l’on n’explique pas, qui sont viscérales !

De l’autre côté, la passion pour la photographie reste présente, pour la recherche technique et esthétique. Il y a 10 ans, j’ai commencé à fusionner mes 2 grandes passions, pour réaliser des portraits nocturnes des paysages terrestres.

C’est une très belle discipline. Elle met en scène des lieux dans un environnement que peu de personnes ont l’occasion de voir. On s’invite dans une sorte d’intimité, une scène très discrète, mais pourtant magique et poétique. Le monde nocturne a une douceur et une quiétude très puissante, on a l’impression que tout est calme, paisible, immuable. On met en scène un paysage terrestre et céleste pour leur faire correspondre leurs couleurs, leurs luminosités et les nuances qui en découlent. Cela donne beaucoup d’inspiration !

As-tu des conseils pour ce type de photographie ?

Le conseil que je donne souvent, notamment dans mes cours, c’est d’expérimenter par soi-même en faisant des sorties photo nocturne de tests, plutôt que de chercher à obtenir un résultat directement et rapidement, ou en mimant parfaitement des tutos ou des vidéo Youtube sans chercher à comprendre le pourquoi de certains réglages, et ne pas oser sortir des chemins battus.

L’astrophotographie, c’est un marathon, ce n’est pas un sprint, si l’on veut avoir des bons résultats et qu’ils soient appréciés. La courbe d’apprentissage est longue et une bonne capacité de résilience au découragement et à la difficulté technique est un atout. Gros bonus si cela prend aussi en compte la patience, avec une météo souvent pénible !

On a la possibilité de faire énormément d’essais en multipliant les différents réglages lors de la prise de vue sur le terrain, et de regarder le résultat sur l’appareil photo, Pourquoi mon image est trop bruitée ? Pourquoi mes étoiles sont filées, pourquoi j’ai des aberrations chromatiques à certains endroits… et si je change un réglage, ça donne quoi ?

L’importance de cette méthode empirique et de se constituer une expérience solide par des essais, ce qui conduit à connaitre véritablement son propre matériel sur le bout des doigts. On comprend pourquoi on a des défauts sur l’image, c’est ce qui nous permet d’être très efficaces sur le terrain la nuit et de se concentrer sur la composition plutôt que sur les réglages.

Bien sûr, les workshop et les cours en ligne sont là pour accélérer l’apprentissage de la photo et d’avoir les meilleurs conseils ou retours d’expérience ! Mais il ne faut pas hésiter à avoir des réglages un peu « fou » pour observer le résultat sur l’écran et comprendre pourquoi l’image est comme ça. Vous aurez ainsi beaucoup plus d’aisance sur vos projets de paysage nocturne.

Que trouve-t-on dans ton sac photo ?

La question que l’on me pose souvent, c’est « est-ce qu’il faut avoir du matériel spécial pour le paysage nocturne ? » Non, nous n’utilisons pas du matériel scientifique ou des modèles d’appareil photo obscurs, connus auprès des initiés. En revanche, les modèles sont choisis en fonction de caractéristiques qui peuvent être très précises. La seule modification du matériel pour l’astrophoto (utilisable en paysage nocturne et en ciel profond), c’est le défiltrage du boitier, ce qui permet de rendre le capteur plus sensible aux proches infrarouges pour les nébuleuses à émission (celles de couleur rouge).
Je travaille depuis 10 ans sur des boitiers Nikon. Actuellement je possède un D750 et un Z6, ce dernier étant défiltré par Richard Galli (le spécialiste français de la modification de boitiers pour l’astro). Côté optiques, je suis ambassadeur chez Samyang pour l’astrophotographie; j’utilise principalement leurs optiques qui ont un très bon rapport qualité/prix et donnent des bons résultats la nuit, donc cela me convient, notamment pour faire des tirages grand format.
J’utilise une tête panoramique Nodal Ninja VI RD-16II, ce qui permet de réaliser des mosaïques de photos avec des intervalles réguliers et précis, tout en allant vite. Pas de stress concernant des éventuels « trous » dans la mosaïque avec ce matériel !

J’utilise depuis peu également une nouvelle tête assez spéciale, apparue sur le marché il y a 1 an environ : la Benro Polaris. C’est la fusion d’une tête panoramique et d’une monture de suivi (pour compenser la rotation de la Terre). Les axes sont donc motorisés et l’ensemble se pilote depuis son smartphone. Il est possible de programmer les prises de vues et les panoramiques.

Enfin, pour les trépieds, j’utilise les Benro depuis 10 ans. Le « petit » dernier est le grand modèle de leur série Tortoise, qui sont très bien adaptés pour le paysage nocturne (léger, stables, absorbent bien les vibrations).

Ton meilleur souvenir photo ?

Une question toujours difficile à répondre, car je garde un bon souvenir de toutes les photos. Je n’ai pas spécialement de photo qui sortent du lot, toutes les images ont leur petite histoire. Elles ont toutes une saveur particulière dans ma mémoire. Si je devais en choisir une, ce serait le passage de l’ISS au-dessus du Mont Saint Michel, avec Thomas Pesquet encore à bord, le 1er novembre 2021 à 6h13 du matin. C’est une photo que j’avais en tête depuis plus de 10 ans, car j’ai vécu pendant 1 an à Pontorson (5 km du Mont), mais je n’avais pas les compétences techniques pour le faire à l’époque. C’est une synthèse d’un challenge technique et d’un résultat esthétique plutôt rare avec un monument que j’affectionne beaucoup, puisque je suis né dans la Manche et j’y ai vécu presque 20 ans. Cette image a beaucoup plus lors de sa publication, au point que Thomas Pesquet l’a commentée sur les réseaux alors qu’il était encore à bord de l’ISS !

Prochains projets ?

Il y en a plusieurs sur le feu. Un workshop de paysage nocturne avec 3 autres photographies de talent (Marion Kabac, Camille Niel et Jean-François Gély) cette année, c’est notre premier stage en commun, on découvre l’organisation et cela se passe très bien !.

Comme tous les ans, des projets de déplacements en France pour capturer des paysages de nuit. Cette année, je me déplace au Puy du Sancy (Auvergne) et dans les Alpes pour continuer ma série de photo de paysage nocturne.

Mais le plus gros projet sur lequel je travaille depuis plus d’un an, c’est mon projet OURANOS. C’est mon gros projet, initié au départ en 2018, qui consiste à réaliser la nouvelle plus grande image de notre galaxie au monde (10 milliards de pixels). Les 2000 prises de vues nécessaires au projet ont été réalisées en France à l’observatoire AstroQueyras (3000m d’altitude) en été puis en hiver, et au Chili (observatoire Obstech). C’est un projet marathon qui prend énormément de temps, car il y a beaucoup d’aspects techniques à appréhender, mais le challenge est vraiment passionnant. Sa sortie est prévue en 2023.

Un mot pour finir ?

Lors des prises de vues, il ne faut pas hésiter à prendre 5 minutes à contempler le ciel et le paysage dans l’obscurité. Une fois que le matériel est en place, et si on a le temps, coupez la lampe frontale… et regardez, écoutez, ressentez. Même si l’image est préparée en amont, il y a toujours une petite improvisation faite sur le terrain, et ce moment de pause permet de bien comprendre ce qu’il se passe autour de nous.

Cela fait également du bien à l’esprit : se retrouver seul sous les étoiles, c’est une expérience que je conseille !

 

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