Je m’appelle Xavier Lequarré, et je suis originaire de Belgique. Dès mon plus jeune âge, j’ai développé un goût pour le voyage et l’exploration. Mon enthousiasme constant me valait parfois d’être décrit comme un grand enfant, toujours à la recherche d’un nouveau trésor. Tout m’émerveillait, et dès mes premières années, mon plus grand souhait était de partager avec mon entourage la beauté que je voyais, même dans les choses les plus absurdes, comme un bâtiment délabré se reflétant dans une flaque d’huile, ou dans les choses simples de la vie, comme une fleur en pleine floraison. Je dois avouer qu’aujourd’hui, je regarde cette période avec une certaine nostalgie. Bien que mon amour pour la photographie n’ait pas changé, il a évolué.
Je me sens parfois un peu blasé par certaines photos prises et reprises, bien que les paysages continuent toujours de m’émerveiller. Il y a environ 20 ans, j’ai perdu la vue à cause d’une dégénérescence fulgurante de la macula, la partie centrale de la rétine. Un problème plutôt important pour un photographe, c’est à ce moment-là que j’ai commencé ma pratique spirituelle avec une combinaison de yoga, de méditation et de respiration qui, en complément d’un traitement médical, m’a non seulement permis de traverser cette période difficile, mais aussi de retrouver la vision !
Aujourd’hui, des outils comme la méditation me permettent de continuer à voir les choses avec une certaine fraîcheur, malgré les années qui ont passé et les centaines de milliers de photographies que j’ai prises, Il me semble d’ailleurs de plus en plus clair qu’au-delà de la pure beauté esthétique, il existe une beauté subjective, principalement liée à notre état de disponibilité intérieure. Je dirais même que la beauté réside avant tout dans le regard de l’observateur, quel que soit le sujet photographié.
Je photographie principalement les paysages avec des ambiances mystiques, mais j’aime aussi capturer les gens dans des moments qui révèlent leur essence, au-delà des masques et des codes sociaux.Pendant des années, la macro m’a fasciné, mais cet intérêt s’estompe un peu aujourd’hui. Je suis en phase de transition, à voir comment cela va évoluer…
Ambiance Mystique : Le plus important est la lecture de la lumière. J’imagine que là, je ne vous apprends rien… Mais ce sujet est tellement subtil et complexe qu’une vie entière ne suffirait pas à l’explorer pleinement. Beaucoup se focalisent sur les lumières du matin ou du soir, mais je crois que ce qui est encore plus important, c’est la compréhension de la « densité » de la lumière. On peut très bien avoir une lumière légère et fine en pleine journée, selon la couverture nuageuse ou la brume, si on a de la chance. La lumière filtrée par ces éléments révèle particulièrement la profondeur et donne une ambiance intimiste, même si le sujet n’est pas extraordinaire. Ce genre d’image est souvent apprécié car on ressent plus facilement l’émotion quand la lumière est « mise en avant ». Cela donne un côté un peu divin, comme si, à cet instant précis, la grâce de l’existence devenait plus palpable…
Portrait authentique : Ce sujet demande également une certaine délicatesse. Certains diront qu’il suffit de se cacher et de shooter avec un gros téléobjectif, mais ce n’est pas ma méthode. Je préfère utiliser le 50mm ou le 85mm, qui sont plus typés reportage, mais surtout, ils me permettent une proximité plus grande avec mon sujet, ce qui fait toute la différence. Ce n’est donc pas de la photo fast-food, mais une photo qui exige une interaction préalable avec la personne, puis de me faire un peu oublier afin qu’elle retrouve son naturel. Parfois, je shoote de face, en regardant la personne dans les yeux, et si j’ai de la chance, je peux capturer un moment « vrai », comme dans la photo du sadhu.
La photo ci-dessous a été prise lors d’un de mes voyages en Inde, à Varanasi plus précisément. Bien que tous les sadhus (nom donné aux ermites errants en quête de vérité) soient originaux, celui-ci l’était particulièrement. En effet, après avoir un peu tourné autour de lui, il m’a appelé et m’a demandé si je connaissais la technique pour ne pas être obsédé par les femmes. À ce moment-là, je me suis demandé ce qu’il allait bien pouvoir me dire. Et à ma grande surprise, il a pris un bout de bois et a commencé à enrouler son sexe autour, tournant et tordant son engin dans tous les sens…
Je ne savais plus où me mettre, car il ne semblait pas du tout souffrir. Au contraire, il chantait et baragouinait des mots bizarres, alors que moi, j’osais à peine regarder, tellement j’avais mal pour lui… À la fin, il a retiré le bout de bois et s’est mis à rire. Je n’ai pas fait de photo, car jamais je n’aurais imaginé une scène pareille, mais les yeux que j’ai pris par la suite montrent un personnage au caractère fort, bien déterminé à ne pas perdre de vue son but ultime : l’éveil.
J’ai pas mal de matériel, mais lorsque je pars en randonnée, j’essaye de prendre l’équipement adapté à ma sortie pour éviter de porter un sac trop lourd, surtout quand je bivouaque ou pars pour plusieurs jours. En général, mon « set up » de base est : boîtier Canon R6, 24-70mm (f/2.8), téléobjectif (100-400mm), et un objectif plus spécialisé (soit macro, soit 85mm (f/1.2), soit grand angle (14-35mm), tous de la série L de Canon). Je prends aussi mon drone (Mavic Mini Pro 4) si le lieu s’y prête.
Mes projets futurs impliquent plusieurs aspects, tant professionnels que personnels. Tout d’abord, j’aimerais continuer à développer mes ateliers de photographie en conscience avec Alexandre Deschaumes. Lors de ces stages, nous combinons nos deux approches, ce qui m’apporte toujours beaucoup de plaisir. Il s’agit ici de proposer une approche plus profonde de la photographie, où les participants peuvent la vivre d’une manière complètement nouvelle, basée sur la respiration, la présence et une connexion sincère à leur environnement.
De plus, j’ai plusieurs projets de voyage en tête, comme l’Ouganda, la Nouvelle-Zélande ou le Japon… Je crois que chaque fois que je découvre de nouveaux endroits, je grandis et nourris ma créativité. Voyager nourrit mon imagination, et je constate que plus je voyage, plus je réalise que c’est ma véritable vocation. Enfin, j’aimerais écrire un livre sur la photographie et la spiritualité, qui serait une synthèse de mes réflexions et expériences dans ces deux domaines. J’ai l’impression d’être à un tournant de ma vie où je veux partager mes pensées et mon parcours avec le monde. Je pense qu’il est temps d’inspirer les autres en révélant ce que j’ai appris au fil des années, bien que je me sente toujours comme un débutant dans ces domaines qui demandent de rester « wild and free » pour laisser la créativité faire son travail…
Je pense que la photographie a toujours été une excuse pour sortir de chez moi et m’émerveiller de la beauté de la vie.
Alors, je dirais qu’avec ou sans appareil, apprenons à voir ce qui nous entoure comme si c’était la première et la dernière fois…
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