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Interview : Albin Panisset

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Les lumières furtives comme boussole, le massif du Jura comme terrain de jeu, notre photographe a quitté sa vie salariée pour suivre sa passion pour la photo. Depuis maintenant 12 ans avec un boitier en main, il est devenu un fin connaisseur des mers de brume et autres beautés kérauniques.

Découvrez sans plus attendre le magnifique travail d’Albin Panisset.

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Albin Panisset, j’ai débuté mon voyage photographique dans le Massif du Jura  il y a de ça plus de 12 années. Déjà baigné dans la nature depuis mon enfance grâce à mes parents, c’est en lisant un article de presse dépeignant l’exposition photo d’une de mes enseignantes du collège que je me suis progressivement mis à la photographie. D’abord axé sur des sujets généraux dans la nature ( proxi-photographie, macro, animalier), je n’avais pas de sujets de prédilections si seulement la nature. N’ayant pas à cette époque de permis de conduire, mes champs d’actions se limitent aux environs de la maison familiale, un marais exceptionnel situé à quelques centaines de mètres, regorgeait d’une biodiversité sans fin (ascalaphes, agrions, papillons, salamandres, orchidées sauvages…).

En 2018, lors d’une sortie pour photographier les Sabots de Vénus, j’ai eu la chance de croiser un “Chasseur d’Orages”, cela m’a intrigué et en rentrant à la maison, j’ai parcouru la toile et j’y ai découvert des clichés exceptionnels. C’est à cet instant que je me suis pris de passion pour ces phénomènes météorologiques. Le permis en poche pour l’été 2018, j’ai consacré la saison à la quête des orages, à leurs compréhensions, et à l’observation du phénomène incontournable sous ces cieux: la Foudre. En hiver 2018, là où les orages se font plus rares, j’ai commencé une quête pour photographier les paysages jurassiens sous des atmosphères mystiques et irrationnelles à la recherche de lumières furtives.

Dès lors, les  années sont découpées en 2 parties: l’été, les orages et la seconde, l’hiver et les ambiances de brumes et de neige dans le massif du Jura.

Sujet(s) de prédilection

Difficile de choisir un seul sujet de prédilection. Comme décrit plus haut, je photographie les orages et les paysages du massif du Jura. Alors si je dois choisir un sujet, je dirais que capter les “Lumières furtives » est une bonne formulation pour regrouper mon travail photographique. Mon inspiration réside dans le Jura, dans ces montagnes aux courbes et vallons caractéristiques. C’est un fantastique terrain de jeu autant sur le plan kéraunique que sur le plan atmosphérique. J’y trouve ici, une terre où tout est possible. Je photographie particulièrement les orages dans le centre-est de la France, quelques fois en Suisse, mais je garde toujours un œil sur le potentiel orageux dans le Jura. Une envie de montrer que dans le massif du Jura, de saison en saison, le paysage change, et qu’il est capable de transformer ses horizons.

En hiver, je me consacre à la quête des mers de nuages, des brumes et autres brouillard permettant d’osciller entre le réel et l’imaginaire. J’aime observer cette océanographie d’une délicatesse époustouflante et d’un silence incroyable seul sur un sommet. La seule présence de la faune sauvage parfois visible, souvent invisible, me donne le sentiment d’être privilégié. Des invitations à parcourir des environnements où les chamois sont rois et où je suis le voyageur solitaire de passage. Finalement, je pense avoir trouvé un certain équilibre entre l’adrénaline de l’été sous les orages et la douceur de l’hiver.

En apparence totalement opposés, ces sujets trouvent plusieurs fils conducteurs. D’une part le lieu, le massif du Jura, d’autre part la lumière, fugace mais également la météorologie. Pour cette dernière, j’apprends encore. Savoir faire ces prévisions pour définir sa destination pour l’observation des orages, ou bien analyser des cartes et graphiques pour connaître l’altitude des nuages et choisir le sommet propice à être juste au-dessus, est primordial. C’est un apprentissage autodidacte depuis 2018, penché parfois plusieurs heures devant mon écran d’ordinateur pour décrypter les paramètres, les scénarios possibles et espérer réussir lorsque je serai sur le terrain.

As-tu des conseils sur ce type de photographie ?

Prendre le temps et apprendre de ces erreurs. Ne pas se démotiver au moindre “échec” (s’il en existe véritablement…). Il est important de connaître son terrain de jeu. J’ai passé toute mon enfance dans le massif du Jura, à la découverte de nouveaux lieux avec mes parents. Partir sans s’intéresser au minimum au sujet que l’on souhaite photographier est sans doute une erreur et le meilleur moyen de ne pas voir le sujet désiré.

De plus, depuis 2020, je parcours régulièrement et artificiellement les cartes de Google Maps pour découvrir de nouvelles destinations, des nouveaux points de vue. J’enregistre toutes ces localisations et j’étoffe cette carte d’année en année. Le but premier est de gagner du temps lorsque je serai sur le terrain au moment de la dégradation orageuse.

Avant tout, la passion doit être le moteur. Nul doute que de ne pas être passionné par ces atmosphères est un échec en soi pour la réussite de l’observation de ces lumières.

Pour ce qu’il y est des mers de nuages, comment réussir à se lever au cœur de la nuit, parcourir plusieurs dizaines voire centaines de kilomètres, marcher ensuite dans la neige et dans le froid avec ce doute, jusqu’au sommet, de voir ou non, le sujet désiré, sans être passionné ?  Être aligné avec soi-même, avoir de l’ambition, et vouloir réaliser ses propres rêves est sûrement la clé. Le thermos de café est aussi important…

Que trouve-t-on dans ton sac photo ?

Dans mon sac photo, je n’ai qu’un seul boîtier et une multitude d’accessoires. Un Nikon Z6 II. J’utilise également 2 objectifs, le premier est un Nikon 16-35mm monture F que j’adapte au boîtier via une bague. Celui-ci me permet de réaliser des vues grand-angle face à un paysage grandiose ou face à un orage proche. Mon second objectif est un 35-150mm de chez Tamron à ouverture f2/2.8, sa polyvalence est quelque chose d’important pour moi. Il m’évite de changer d’optique lors de températures négatives, par de fortes rafales de vents ou par des précipitations violentes. C’est d’ailleurs lui qui reste le plus souvent vissé sur l’APN. Il a une piqué remarquable, et quand bien même l’orage se fait proche, je tente souvent le coup de poker à viser une zone précise du paysage et espérer un coup de foudre plein cadre.

Également, en été, on trouve dans mon sac une cellule de déclenchement pour capturer la foudre diurne et une microfibre pour essuyer les gouttes d’eau sur la lentille de l’objectif. En hiver, j’ajoute à mon attirail, un set de 3 filtres Cokin dégradés neutre me permettant de capter via des poses longues, les ondulations et les fluctuations des nuages bas sur les reliefs.

Et pour finir, été comme hiver, une télécommande filaire pour déclencher sans risque de vibrations l’appareil et un trépied SIRUI.

Ton meilleur souvenir photo ?

En novembre 2024, ma première vague de nuage. J’ai cherché à observer et photographier ces phénomènes pendant ces 5 dernières années. Sans résultat concret. Je savais qu’il me manquait quelque chose. Des connaissances, du temps (salarié en entreprise jusqu’en mai 2024, à temps plein dans la photographie depuis). En novembre 2024, je n’ai pas compté les kilomètres pour photographier les lever de soleil et les mers de nuages sur le massif. Et c’est à l’aube du 15 novembre, que j’ai pris la route pour un sommet dans le Jura Suisse, 2h de trajet, 1h d’ascension. Pendant toute la durée du trajet, je me demandais pourquoi je tente une énième fois de palper ces phénomènes.

En bas du sommet, j’ai débuté l’ascension noyée dans le brouillard, et puis 100m avant l’arrivée, les étoiles apparurent. J’ai su dès cet instant que j’allais être juste au-dessus des nuages. Mais alors que je terminais de m’installer, j’ai lancé une première pose longue. Et là, j’avais enfin devant moi une vague drapant le relief. Une ondulation extraordinaire pendant plus d’une heure. Je n’ai pas pu retenir mes émotions tant j’espérais cet instant. Les premières lueurs du jour apparurent derrière la chaîne alpine, et alors que je pensais avoir réaliser mon rêve, un chamois est venu se positionner dans l’axe entre moi et la vague. Une vision extraordinaire. C’est à ce moment là, que j’ai compris pourquoi je m’obstinais à me lever si tôt, à enchaîner des journées troublées de fatigue. L’obstination et la persévérance pour atteindre les promesses que nous osons nous faire.

Prochain(s) projet(s) ?

Continuer de traquer ces lumières et ces atmosphères furtives est la priorité. Continuer d’en apprendre plus sur les phénomènes orageux et les ondulations du brouillard. J’ai également un gros projet, celui d’un ouvrage d’art. D’un livre regroupant mon travail photographique depuis 2019. Ce projet, déjà bien avancé, verra le jour à la suite d’une campagne de précommande sur Ulule. Un livre pour mettre en page et faire la lumière sur le Massif du Jura que je chéris tant autour des lumières furtives. Il sera disponible à la précommande à partir du 1er septembre et ce pendant 45 jours. Je compte déjà sur vous. Vous pouvez dorénavant vous inscrire pour participer à la campagne Ulule.

En parallèle, je cherche à exposer mon travail lors de festivals, ou d’expositions en solo en France et en Suisse. J’aurai la chance d’exposer pour l’édition 2025 au festival de Montier-en-Der.

J’ai également une envie irrépressible de photographier les éruptions volcaniques au Guatemala, des lumières chaotiques extraordinaires d’une force incroyable. Également me rendre dans la région des “Four Corners” ( Arizona / Colorado / Utah / Nouveau-Mexique) pendant le Monsoon Américain et observer des orages avec une densité de foudroiement extraordinaire faisant partie des plus esthétique de l’hémisphère nord.

 

Un mot pour la fin

Faites vous confiance, n’attendez pas une validation extérieur pour réaliser vos projets et vos rêves. L’ambition, la persévérance et la passion vous mèneront toujours là où vous souhaitez vraiment aller. J’utilise la règle des 5 secondes, lorsque le moral est au plus bas, compter à rebours 5 secondes, levez vous, et affronter cette nouvelle journée, quoi de mieux que cette sensation d’avoir réalisé quelque chose de vrai.

Retrouvez tout le travail d’Albin et son actualité sur Facebook, Instagram et son site internet.

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