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Interview : Allan L’héritier

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Véritable bouquetin des montagnes, il arpente ces dernières à la recherche de falaise verticale sur lesquelles posés son regard et exprimés son art. On vous amène à la rencontre d’Allan l’héritièr fière représentant du massif de la Chartreuse !

Présentation :

Originaire des Préalpes, plus précisément du massif de la Chartreuse, j’y ai grandi et y vis toujours. Après mes études en 2010, je décide de partir en voyage, ce sera l’Australie où je resterai 7 mois et demi. J’y ai rencontré un Français et un Belge qui s’intéressaient à la photo. Ils m’ont expliqué quelques trucs, et j’y ai pris goût. Suite à ce premier voyage, je découvre alors une passion pour la photographie de paysage. De retour en France, je continue à approfondir mes connaissances et enchaîne voyage sur voyage avec les États-Unis (2 mois), l’Amérique du Sud (6 mois), l’Islande, le Groenland, les Îles Féroé (4 mois sur ces trois pays), le Vietnam et le Cambodge (1 mois), et de nombreux autres…

Ma passion pour le voyage m’a mené à la photographie, qui elle-même m’a conduite vers la randonnée et l’aventure ! J’aime partir en solitaire à des endroits isolés en autonomie à la recherche de spots inédits peu fréquentés, à l’image de mes deux voyages au Groenland que j’affectionne pour son côté sauvage, ou encore le Pérou où je suis allé deux fois pour sa diversité. Arrivé en 2023, je continue de voyager, certes plus modérément. Je reviens d’ailleurs d’un mois au Groenland en septembre dernier. En parallèle, j’ai sorti plusieurs expositions qui ont tourné un peu partout dans des festivals photos, ainsi qu’un livre en 2022 sur le massif de la Chartreuse.

Sujet de prédilection

Comme vous l’aurez compris, ce sont les paysages, plus particulièrement les montagnes. J’aime les reliefs ayant grandi dans les Alpes. La mer, je trouve ça trop plat, mais je ne la délaisse pas pour autant, notamment certaines magnifiques côtes. Depuis quelques années, je me concentre vraiment sur les montagnes abruptes. Pour cela, je recherche les meilleurs points de vue dans les Alpes afin de tomber face à de belles aiguilles sous des angles particulièrement effilés. Je continue aussi ma recherche de « Bigwall », une des raisons pour lesquelles je suis retourné au Groenland récemment. Je me concentre aussi sur des destinations jamais faites ou très peu, par exemple sur ce dernier voyage, j’ai photographié des coins où, si vous faites des recherches sur le net, vous ne trouverez même pas une seule photo ! Je me suis laissé guider par mon premier voyage là-bas et par Google Earth.

As-tu des conseils sur ce type de photographie ?

Pas particulièrement, juste faites-vous plaisir en photographiant ce qui vous plaît, et n’hésitez pas à revenir plusieurs fois au même endroit afin d’y avoir la photo que vous avez en tête. La persévérance, ça paie ! J’ai toujours une image en tête que je veux faire dans le massif du Dévoluy. Ça fait trois fois que j’y monte (deux heures de voiture et quatres bonnes heures de randonnée aller retour), et pourtant, je n’ai toujours pas eu mon image ! J’y retournerai une quatrième fois ! Pour finir, je dirais de trouver votre style de photo. Au début, vous allez sûrement tester plusieurs choses, surtout au niveau du post-traitement, mais avec les années, vous arriverez à maturité et trouverez ce qui vous plaît. Du moins, c’est mon cas. Quand je revois mes premières images, je pleure tant je trouve ça vilain (composition et post-traitement), mais à l’époque, je les trouvais superbes. Notre œil avec le temps s’affine, les compositions sont de plus en plus travaillées et le post traitement s’affine 😉.

Que trouve-t-on dans ton sac photo ?

Alors, j’ai toujours travaillé avec de l’hybride depuis mes débuts. J’ai eu un Sony Nex 6, puis le premier A7R et aujourd’hui, je shoote avec un Sony A7R3 accompagné de trois objectifs : un 55 f1.8, un 16-35 F4 et pour finir un 100-400 f4.5 – 6.3. Accompagné d’un trépied MeFoto Globetrotter. J’ai aussi quelques filtres Lee que j’utilise très peu. Au début j’utilisais la majorité du temps mon grand angle mais la tendance c’est désormais inversé avec le téléobjectif.

Mon meilleur souvenir photo ?

Compliqué au vu de tout ce que j’ai fait !! J’ai droit à plusieurs ? ahah

Le premier, c’est un bivouac au sommet de la tête de Garnesier dans le Dévoluy. J’y ai fait l’une de mes plus belles images (Between light and darkness), mais ce n’était pas gagné quand on commence la randonnée sous des mammatus, ce n’est pas bon signe… Je suis finalement passé à travers l’orage, et j’ai aussi passé l’une des pires nuits en tente. Le sommet n’est pas très accueillant 😂, mais c’est bien souvent des moments un peu désagréables qui reste le plus en tête !

Le deuxième, je dirais l’ascension d’un sommet au Groenland, qui m’a offert l’une des plus belles vues que j’ai eu la chance de photographier, avec une photo que j’ai nommée « Vertical world », tant il y a de Bigwall sur ma photo, le tout avec un beau coucher du soleil. 1500 m de dénivelé sans sentier dans des arbustes, des champs de rocher et des pierriers ahah. Une vidéo prise au sommet est dispo sur Youtube où on voit ma joie au passage ICI. Un point de vue qui, à ma connaissance suis le seul à avoir en qualitatif.

Et un dernier encore au Groenland, je me réveille dans la nuit pour voir s’il y a des aurores boréales et bim le ciel en est farci ! J’avais tout prévu en laissant mon appareil sur le trépied avec la compo et la Map manuel préparées. J’ai passé plus d’une heure à shooter ces aurores dans un cadre juste magnifique ! Vue sur un fjord, des montagnes et un lac. Un point de vue difficile d’accès mais certainement un des plus beaux de ce dernier voyage !  Je pourrais citer des dizaines de souvenirs, mais ça serait trop long ahah.

Prochains projets :

Alors, pour l’année 2024, je vais me contenter d’essayer de faire tourner un maximum mon exposition actuelle « Un hiver en Chartreuse », qui accompagne mon livre sur ce même massif. Ensuite, en 2025, il est prévu de retourner une troisième fois au Groenland, mais cette fois pas seul, avec un ami cinéaste et photographe, j’ai nommé Yank. Le projet est qu’il réalise un petit court métrage sur ce coin que j’affectionne particulièrement, en nous mettant en avant à travers nos différents treks que l’on réalisera. Le but est de montrer à quel point cette région du monde est sauvage et magnifique. De mon côté, j’y serai afin de continuer ma série d’images sur le secteur, pour pourquoi pas une nouvelle expo d’ici 2026. Et de servir de guide à Yank 😆.

Et bien sûr, à côté de ça, je continuerai à vagabonder dans les Alpes à la recherche d’ambiances éphémères. J’aimerais notamment continuer ma serie en noir et blanc sur la Chartreuse, mais pour ça j’ai besoin d’un hiver neigeux.

Un mot pour la fin

N’abandonnez jamais vos rêves, ce n’est pas parce qu’ils paraissent inaccessible qu’ils le sont vraiment ;-).

Retrouvez tout le travail d’Allan et son actualité sur Instagram et sur son site internet.

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